Tuesday, February 17, 2009

Un peu de soupe et de rock


J'aime pas la soupe/Mange la quand même/Elle
est bouillante/Souffle dessus/Y a pas de sel/Pour
nous non plus/ça m'fait vomir/ ça t'f'ra grandir...

Ya trop de poivre/ça rend poli/Y a pas de croutons/
T'as des goûts de luxe/Y a pas de cuiller/ il y a tes
doigts/Y a pas d'assiètte/Lèche la par terre...

Y a pas de cuiller/ il y a tes doigts/Y a pas d'as-
siètte/Lèche la par terre/Mais y a pas d'soupe/
Rien n'est parfait/Mais y a pas d'soupe/Lèche la
poussière...

J'aime pas la soupe/Mange la quand même/J'aim
pas la soupe/Mang' la quand même/J'aim' pas
la soupe/Mang' la quand même/J'aim' pas la sou-
pe/Mange l' quand même...

J'aim' pas la soup'/J'aim' pas la soup'/J'aim' pas
la soup'/J'aim' pas la soup'/J'aim' pas la soup'/
J'aim' pas la soup'/J'aim' pas la soup'/J'aim' pas
TA soupe.

Berurier Noir

Friday, February 06, 2009

La cuisson du pain


Cuisson du pain


Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.

Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux doigts monstrueux pataugeaient dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.

Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout d’une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains mous.

Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.

Auteur : Emile Verhaeren (1855-1916)