Le restaurant de Vita
Melania Mazzucco est une journaliste italienne partie à la recherche des racines de sa famille. A travers son voyage en Italie et aux Etats Unis, elle suivra la trace de ceux qui sont partis chercher fortune à New York. Vita est sa grand mère, arrivée maigre, noiraude et pouilleuse sur le sol américain. A travers, photos, documents, articles de journaux et légendes familiales, la journaliste va romancer la vie de ses ancêtres qui au début du siècle quittaient la misère de la Sicile à l'assaut du rêve américain. Dans un guide touristique elle retrouve une page consacrée au restaurant italien que Vita a fini par ouvrir à Brodaway
" Vita ** - 52nd Street à l'angle de Broadway
La cuisine d'antan mise au goût d'aujourd'hui. La cuisine dont s'occupe la propriétaire, une dame italienne petite et fort bavarde, propose des plats traditionnels en fonction de la saison, revisités et présentés avec style. A ne pas manquer : les tortues aux petits pois, la morue à la matelote, la tarte aux griottes, les zepole, les mostaccioli et la meilleure oie farçie qu'il nous ait été donné de goûter."Vita. J'ai Lu. ISBN 2-290-34744-2
Le roi est mort, vive le roi ou les caprices du prince
La suite de la partie "bouche" de
Le Roi est mort, vive le roi cette fois-ci consacrée à Mitterrand.
"Le président François Mitterrand volontiers capricieux quand il était question de fruits de mer, et particulièrement d'huîtres, [...] envoyait son cuisinier faire un aller-retour dans la journée jusqu'en Bretagne à bord d'une voiture de l'Elysée pour en rapporter des huîtres fraîches. C'est ainsi : il aimait le soir, dîner d'une simple douzaines d'huîtres. [...] Question fourneaux, Mitterrand n'avait rien à envier aux rois de France.
D'abord quelle ne fût pas la surprise des équipes en place depuis des lustres, chargées des repas de l'Elysée [...] quand Mitterrand annonça qu'il avait fait recruter le chef d'un établissement prestigieux. C'était une première dans l'histoire de la République, le président souhaitait un cuisinier personnel et attitré pourle suivre partout. Y compris le week-end à son domicile privé ou en villégiature.
Le [...] fameux cuisinier en question, puisait dans la cassette de la République sans rendre compte. Il ne communiquait aucune facture, aucun budget à l'intendant de l'Elysée. [...]
Il était très difficile de satisfaire l'élu du peuple. Surtout lorsqu'il jouait avec les nerfs de ceux dont il savait qu'ils étaient à son service.
Comment faire lorsqu'à peine revenu d'un voyage chez le roi du Maroc, Mitterrand demande qu'on lui serve le même thé à la menthe que celui qu'il a dégusté dans les palais des Hassan II. A priori, rien de plus simple : on téléphone à Rabat et on demande conseil à son homologue cuisinier du roi. Celui-ci indique la variété de thé qu'il convient d'utiliser, la manière de le jeter dans la théière, le temps exact de l'infusion... Rien de plus simple.
Eh bien non. Toute la cuisine s'est mise aux fourneaux pour préparer le thé à la menthe. Tous les marmitons ont été mobilisée et le chef en personne a servi le breuvage au président. Une fois... deux fois... trois fois... A chaque fois Mitterrand faisait la grimace. Non, vraiment rien à voir avec ce thé qu'il avait bu dans les salons du roi ! Tant et si bien qu'il exigea que l'on réquisitionne sur le champ le fameux préposé au thé marocain.
Un avion amena l'homme en question à Paris, il montra au personnel de l'Elysée comment s'y prendre : c'était très exactement ce qu'ils faisaient depuis le premier jour. Mais à compter de cet instant, Mitterrand trouva son thé parfait. "
Les asperges de Proust
On connaissait ses célèbres madeleines,
Odile a trouvé pour nous un passage de Du Côté de chez Swann où il évoque les asperges
-"Madame Octave, il va falloir que je vous quitte, je n'ai pas le temps
de m'amuser, voilà bientôt dix heures, mon fourneau n'est seulement pas
éclairé, et j'ai encore à plumer mes asperges. »
-« Comment, Françoise, encore des asperges ! mais c'est une vraie
maladie d'asperges que vous avez cette année, vous allez en fatiguer nos
Parisiens ! »
-« Mais non, madame Octave, ils aiment bien ça. Ils rentreront de
l'église avec de l'appétit et vous verrez qu'ils ne les mangeront pas
avec le dos de la cuiller. »Merci Odile :)
Les tartelettes amandine de Ragueneau
Brin de Persil, la plus oxfordienne de nos ex-québecoises, nous propose la recette des tartelettes amandine de Rostand.
Dans Cyrano de Bergerac en effet, on trouve acte II, scène 4, la tirade du fameux poëte patissier
RAGUENEAU
Comment on fait les tartelettes amandines.
Battez, pour qu'ils soient mousseux,
Quelques oeufs;
Incorporez à leur mousse
Un jus de cédrat choisi;
Versez-y
Un bon lait d'amande douce;
Mettez de la pâte à flan
Dans le flanc
De moules à tartelette;
D'un doigt preste, abricotez
Les côtés;
Versez goutte à gouttelette
Votre mousse en ces puits, puis
Que ces puits
Passent au four, et, blondines,
Sortant en gais troupelets,
Ce sont les
Tartelettes amandines!
LES POETES, la bouche pleine
Exquis! Délicieux!
UN POETE, s'étouffant
Homph!
Ils remontent vers le fond, en mangeant. Cyrano qui a observé s'avance vers Ragueneau.
CYRANO
Bercés par ta voix,
Ne vois-tu pas comme ils s'empiffrent?
RAGUENEAU, plus bas, avec un sourire
Je le vois...
Sans regarder, de peur que cela ne les trouble;
Et dire ainsi mes vers me donne un plaisir double,
Puisque je satisfais un doux faible que j'ai
Tout en laissant manger ceux qui n'ont pas mangé!Merci Persiloutte :)
Le Roi est Mort Vive le Roi !
Un petit passage agaçant pour commencer. Dans "
Le Roi est Mort, Vive le Roi" (aux Ed. Michalon), Nicolas Charbonneau et Laurent Guimier, 2 journaliste, s'amusent à faire un parallèle à partir de documents historiques entre la cour des Rois et nos hommes politiques actuels. A partir de passages extraits des Mémoires de St Simon ou de la correspondance de Mme de Sévigné, ils tentent de démontrer que la révolution est passée mais que les habitudes sont restées.
J'attendais un peu plus de ce livre, mais finalement il suffit de lire le Canard Enchainé ou autre depuis un certain nombre d'années pour savoir que les hommes politiques français sont loin de se considérer comme des citoyens comme les autres.
Voici la partie consacrée aux
plaisirs de la bouche de ces "grands hommes"
" Dans la nuit du 23 au 24 avril 1671, Louis II de Bourbon, prince de Condé, perd son maître d'hôtel. Vatel se donne la mort dans sa chambre du château à quelques heures de l'arrivée du roi Louis XIV [...] Est-ce la marée qui veut celà ? Le Gal de Gaulle avait pour habitude d'ordonner "l'intendance suivra!" déclarait-il.
Joël Normand, cuisinier de l'Elysée raconte qu'un matin, il apprend que le roi d'Arabie Saoudite est reçu à dîner à Trianon par le président. Les menus sont déjà lancés, l'Imprimerie Nationale les a gravés en lettres d'or. Le Gal De Gaulle a commandé un saumon braisé aux queues d'écrevisse. Mais il n'y a pas une seule écrveisse à Paris en cette saison. [...] La solution viendra [...] pour trouver des ecrevisses dignes d'un roi et d'un président. Il suffisait d'y penser : la Turquie. A cette époque on en trouve sur les marchés de la capitale ottomane. Décision est prise d'alerter l'ambassade de France à Ankara. Ordre est donné d'aller faire quelques courses et les crustacés sont glissés dans la valise diplomatique. Les bestioles prendront l'avion et quelques heures plus tard finiront dans les assiettes d'un service de porcelaine de Sèvres sous les lambris de TrianonA suivre : Miterrand et
son cuisinier privé
Tribute to...
Le désir de faire ce blog m'est venu en lisant
Dentelles d'Encre. Mademoiselle Navet a eu l'idée de répertorier et de nous faire partager les passages consacrés à l'art du fil dans la littérature. J'ai trouvé très intéressante cette idée de concilier ainsi 2 passions et avec son accord, je me lance à mon tour dans à travers ce blog à la recherche de pages culinaires dans la littérature.
Toute contribution permettant de nous faire partager vos découvertes est bienvenue :)
